Alors que le changement climatique s’intensifie et que les réserves en combustibles fossiles s’amenuisent, l’humanité doit impérativement diversifier ses sources d’énergie pour garantir un avenir durable. Dans ce contexte, l’énergie houlomotrice – produite à partir du mouvement des vagues – se révèle être une ressource précieuse encore largement sous-exploitée. Cet article vous propose de découvrir la technologie innovante développée par l’entreprise française Seaturns : une solution ingénieuse, compacte et prometteuse pour convertir l’énergie de la mer en électricité renouvelable.
Dans un monde en quête de solutions énergétiques moins polluantes, l’exploitation des océans s’impose comme une voie d’avenir, mais encore trop peu explorée. Parmi les technologies émergeantes, l’énergie houlomotrice offre un potentiel considérable et constant, et pourrait jouer un rôle clé dans la transition vers un mix électrique plus vert. À travers cet article, nous vous invitons à explorer le projet Seaturns, une innovation « low-tech » qui révolutionne la conversion de l’énergie des vagues en électricité propre, stable et durable.
Qu’est-ce que l’énergie houlomotrice ?
L’énergie houlomotrice désigne l’énergie produite à partir du mouvement des vagues. Elle fait partie de la famille plus vaste des énergies marines renouvelables, au même titre que l’énergie marémotrice, thermique ou osmotique. Ce type d’énergie repose sur la récupération de la force cinétique et potentielle générée par les oscillations de la surface de la mer, une ressource abondante dans les zones côtières exposées aux vents réguliers.
L’Agence de la transition écologique (ADEME) estime que le gisement théorique d’énergie houlomotrice sur les côtes françaises métropolitaines avoisine plusieurs dizaines de térawattheures par an. Cette capacité représente une partie non négligeable du mix énergétique potentiel de la France, notamment dans une stratégie nationale visant à réduire la part des énergies fossiles.
Contrairement à l’énergie solaire ou éolienne, souvent soumise à des variations diurnes ou saisonnières, le mouvement des vagues bénéficie d’une prédictibilité plus stable dans certaines régions du globe. Cela fait de l’énergie houlomotrice une solution prometteuse pour stabiliser l’approvisionnement énergétique renouvelable.
Toutefois, malgré ce potentiel fort, l’exploitation commerciale de cette ressource demeure encore limitée. Les défis techniques, économiques et environnementaux liés à l’implantation de dispositifs en mer ont freiné le développement massif de ces technologies. C’est dans ce contexte que des entreprises comme Seaturns apportent une nouvelle dynamique.
Seaturns, une technologie française innovante
Créée en 2016 à Clermont-Ferrand, l’entreprise Seaturns a pour ambition de proposer une solution accessible, fiable et durable pour tirer profit de l’énergie des vagues. Elle repose sur le principe d’un système modulaire immergé, conçu pour fonctionner même dans des zones maritimes à plus faibles hauteurs de houle. Cette approche diffère sensiblement des systèmes offshore lourds et complexes traditionnellement utilisés dans l’industrie.
L’enjeu pour Seaturns est de proposer une réponse adaptée aux contraintes techniques et économiques des territoires isolés ou insulaires. Elle cible prioritairement les marchés pour lesquels une solution énergétique locale, renouvelable et facilement déployable est recherchée.
Fonctionnement du dispositif Seaturns
Chaque module Seaturns prend la forme d’un cylindre immergé, ancré à un point fixe au fond marin. Le mouvement des vagues entraîne une rotation du module autour de son axe, produisant alors une énergie mécanique. Cette dernière est ensuite convertie en énergie électrique par un système de génératrice embarquée dans le dispositif.
Le système repose sur une architecture dite « low-tech maîtrisée », c’est-à-dire une ingénierie volontairement simple, limitant les composants complexes ou fragiles. Cette philosophie de conception permet de réduire les coûts de fabrication, d’optimiser la maintenance et d’améliorer la durabilité dans des conditions marines contraignantes.
De plus, le fait que le dispositif soit compact et immergé limite considérablement les nuisances visuelles ou sonores, ce qui constitue un atout pour son acceptation sociale dans des zones protégées ou touristiques.
Une conception pensée pour l’industrialisation
Les modules Seaturns sont conçus pour être transportables, assemblables et facilement déployables. Chaque unité mesure environ 10 mètres de long pour un diamètre de 2 mètres, et peut opérer de manière autonome ou en réseau. Cette configuration offre une grande souplesse pour les projets d’électrification en milieu isolé ou pour les sites à forte contrainte logistique.
Un point clé de l’ingénierie Seaturns réside dans son système d’ancrage unipoint facilitant l’implantation. Cette solution réduit à la fois les coûts d’installation et les impacts potentiels sur les fonds marins. Elle permet également une bonne résistance aux courants, houles et tempêtes marines.
Ce caractère modulaire et immersif ouvre la voie à des déploiements industriels sous forme de fermes houlomotrices, capables de répondre à la demande énergétique de collectivités littorales, de ports ou de complexes touristiques.
Un projet soutenu par la recherche publique et des partenaires industriels
Le développement de la technologie Seaturns repose sur une étroite collaboration avec le monde académique et industriel. L’entreprise travaille de manière concertée avec des instituts spécialisés dans l’ingénierie maritime, l’énergie et l’environnement. Parmi ses partenaires figurent l’IFREMER, l’École Centrale de Nantes et l’IREENA, des acteurs reconnus à l’échelle européenne pour leur expertise.
Ces partenariats ont permis de réaliser de nombreux essais expérimentaux en bassins, canaux et même en mer réelle. Chaque étape de test a contribué à améliorer la conception mécanique, à valider les modèles numériques et à démontrer la robustesse du dispositif dans des conditions opérationnelles variées.
Par ailleurs, le projet Seaturns a été retenu dans le cadre de programmes publics de financement comme ceux de Bpifrance, de l’ADEME et du plan stratégique France 2030. Ce soutien reflète l’importance accordée, au plus haut niveau de l’État, au développement des énergies marines renouvelables.
Avantages concurrentiels de la solution Seaturns
Les atouts technico-économiques de Seaturns sont multiples. Tout d’abord, la simplicité mécanique du module le rend peu coûteux à produire, à installer et à entretenir, ce qui abaisse drastiquement le coût de l’électricité générée. Ce point est essentiel dans les zones où les ressources financières ou infrastructurelles sont limitées.
Ensuite, le système est conçu pour être à faible impact écologique. Son immersion limite les conflits d’usage avec les activités touristiques ou portuaires, et son ancrage ponctuel réduit les atteintes à la biodiversité du fond marin. De plus, le fonctionnement silencieux et sans émission évite la pollution sonore ou chimique souvent associée aux systèmes énergétiques classiques.
Les modules Seaturns sont également hautement modulables. Ils peuvent être assemblés en fonction des besoins spécifiques en approvisionnement électrique, ce qui permet une adaptation progressive et évolutive selon le développement démographique ou économique local.
Enfin, contrairement à d’autres systèmes utilisant des composants complexes ou sensibles à la corrosion, la robustesse éprouvée du dispositif face aux conditions maritimes assure une longévité accrue et donc une meilleure rentabilité sur le long terme.
Quelles perspectives de développement ?
Après plusieurs phases de recherche et d’expérimentation, Seaturns envisage une nouvelle étape de son développement avec la mise à l’eau imminente de démonstrateurs en conditions réelles. Ces prototypes à l’échelle 1:1 permettront de valider la performance énergétique, la résistance mécanique et la facilité d’exploitation du système.
À terme, l’entreprise vise la production industrielle de fermes houlomotrices capables d’alimenter de petites collectivités, des infrastructures côtières ou des îles non reliées au réseau. Le marché visé dépasse les frontières métropolitaines et englobe des zones à fort potentiel houlomoteur telles que les territoires ultra-marins, l’Outre-mer français ou les régions d’Afrique de l’Ouest.
Néanmoins, pour s’intégrer dans le mix énergétique national, encore largement dominé par l’électricité d’origine nucléaire, il sera indispensable de repenser les infrastructures de distribution et d’encourager une diversification des sources. Cela impliquera une coordination entre collectivités, industriels et pouvoirs publics.
Le rôle proactif de l’État dans le soutien à la filière houlomotrice, à travers des appels à projets, des financements ou des expérimentations en zones test, sera crucial pour permettre à des technologies comme celle de Seaturns de franchir le cap de la maturité industrielle.
Au terme de cette exploration, il apparaît clairement que la technologie développée par Seaturns représente une avancée significative dans le domaine de l’énergie houlomotrice. Grâce à un système modulaire, robuste et peu invasif, cette solution ouvre la voie à une exploitation durable et localisée de l’énergie des vagues. En combinant simplicité mécanique et efficacité énergétique, Seaturns s’impose comme un acteur prometteur de la transition énergétique, notamment pour les territoires insulaires ou isolés.
En misant sur la recherche scientifique, l’innovation industrielle et le soutien institutionnel, la société française parvient à démontrer que l’énergie marine renouvelable n’est plus un simple concept théorique, mais bien une réponse concrète aux enjeux climatiques contemporains. L’industrialisation progressive de ces modules pourrait à terme diversifier l’approvisionnement énergétique, réduire la dépendance aux énergies fossiles et promouvoir une production d’électricité locale, propre et stable.
Il ne tient qu’à nous, citoyens, décideurs et acteurs économiques, de soutenir cette dynamique et d’encourager le développement de solutions comme Seaturns. Car au-delà d’une innovation technologique, c’est un véritable changement de paradigme qui se dessine : utiliser l’immense réservoir énergétique que constitue notre littoral pour bâtir un avenir respectueux des équilibres environnementaux.