Diesel vers GPL : une conversion complexe et peu répandue
Technique : un principe peu compatible
Contrairement aux moteurs essence, qui peuvent recevoir un système bi-carburation relativement facilement, les moteurs diesel présentent des contraintes techniques majeures pour une conversion au GPL. En effet, le gaz de pétrole liquéfié ne s’enflamme pas spontanément comme le gazole. Il nécessite une étincelle, donc un système d’allumage présent uniquement sur les moteurs essence.
Pour contourner cette difficulté, certains véhicules peuvent être convertis en mode dual-fuel, c’est-à-dire fonctionnant avec un mélange de GPL et de diesel. Dans ce cas, une faible quantité de diesel sert à déclencher la combustion du GPL, injecté simultanément. Toutefois, le diesel n’est jamais complètement éliminé, ce qui limite le potentiel écologique de la démarche.
Cette technologie implique de lourdes modifications mécaniques, notamment sur le système d’injection, la gestion électronique du moteur et l’ajout de dispositifs de sécurité spécifiques. Cela rend la conversion complexe, coûteuse et difficilement applicable à tous les types de véhicules particuliers.
Disponibilité commerciale des kits
Aujourd’hui, l’offre de kits de conversion diesel vers GPL est quasiment inexistante pour les particuliers. En France et dans la plupart des pays européens, les installateurs agréés se concentrent uniquement sur les poids lourds, les bus ou les véhicules industriels. Ces derniers offrent des volumes de carburant suffisants pour compenser les frais de conversion dans une logique d’amortissement à long terme.
Pour les véhicules particuliers, aucun kit GPL-diesel n’a encore reçu d’homologation de la part des autorités françaises. Le ministère de la Transition écologique ne publie aucune procédure spécifique pour ce type de conversion.
Par conséquent, même si la conversion est techniquement possible, elle n’est ni légale ni rentable dans le cas d’un véhicule léger. De plus, toute modification sans homologation peut entraîner des sanctions lors du contrôle technique ou en cas d’accident.
Quelles alternatives pour les particuliers roulant au diesel ?
Remplacement de véhicule ou retrofit électrique
Face à l’absence de solutions viables pour convertir un moteur diesel au GPL, les automobilistes devront envisager d’autres scénarios. Le remplacement du véhicule reste une solution privilégiée, que ce soit par une voiture essence ou électrique neuve ou d’occasion.
Le rétrofit électrique, c’est-à-dire la transformation d’un véhicule thermique en électrique, constitue une autre alternative autorisée depuis le décret n° 2020-27 du 13 janvier 2020. Cette démarche est possible pour certains modèles compatibles et réalisées par des installateurs agréés. Cependant, les coûts restent élevés, compris entre 10 000 € et 20 000 €, voire davantage selon la complexité du véhicule. Des aides publiques peuvent atténuer légèrement l’investissement, mais elles ne suffisent pas toujours à rendre la solution abordable pour tous.
Conversion essence vers GPL : une solution plus simple
Une des rares solutions techniquement et économiquement envisageables est de passer par une voiture essence, qui pourra elle être transformée en véhicule fonctionnant également au GPL. Cette conversion est bien connue et maîtrisée, avec des centaines de centres agréés en France.
Les voitures essence ainsi converties peuvent recevoir une homologation officielle et inscrire la mention GPL sur le certificat d’immatriculation. Cela permet d’avoir une vignette Crit’Air 1 et de bénéficier d’exonérations fiscales, de primes à la conversion et d’aides locales.
Selon le site du ministère de la Transition écologique, une voiture essence d’occasion convertie au GPL peut aussi, sous certaines conditions, donner droit à la prime à la conversion. Il est donc plus pertinent de s’orienter vers ce type de motorisation si votre objectif est de rouler au GPL.
Quel est le coût d’une conversion diesel en GPL ?
Le coût d’un système dual-fuel pour véhicule industriel ou utilitaire peut varier entre 3 000 € et 8 000 €, voire plus selon la complexité du système. À cela s’ajoutent les frais de maintenance spécifiques et l’absence d’homologation en France pour les véhicules particuliers.
Sans homologation, le véhicule ne peut pas recevoir la mention GPL sur la carte grise, ce qui le prive des avantages associés, notamment l’exonération de taxe régionale sur la carte grise, l’accès aux ZFE et les places de stationnement gratuites dans certaines villes. Ces avantages ne s’appliquent qu’aux véhicules officiellement reconnus comme roulant au GPL.
En l’état actuel, la conversion GPL-diesel n’a aucun bénéfice fiscal ou réglementaire en France pour un particulier. Cela rend l’investissement très difficilement justifiable, d’autant que l’offre commercialisée est rare et essentiellement étrangère.
Impacts environnementaux du GPL comparé au diesel
Au plan environnemental, le GPL se distingue par des caractéristiques plus favorables que le diesel. Il émet entre 15 à 20 % de dioxyde de carbone (CO₂) en moins, tout en produisant significativement moins de particules fines et d’oxydes d’azote (NOx), deux polluants majeurs des moteurs diesel.
Les rejets de composés organiques volatils (COV), hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) sont également très faibles chez les véhicules GPL. Ces substances sont particulièrement nocives pour la santé humaine et sont classées comme cancérogènes pour certaines d’entre elles.
Il faut néanmoins mentionner que le GPL reste un carburant fossile. Il provient majoritairement du raffinage du pétrole brut et du traitement du gaz naturel. Par conséquent, il ne peut pas être considéré comme un carburant neutre en carbone. Pour aller plus loin, le recours à des carburants renouvelables comme le bioGNV ou à l’électrique demeure préférable si l’objectif est de réduire fortement son impact environnemental.
En résumé : peut-on vraiment convertir un diesel en GPL ?
- ✓ Techniquement faisable via un système dual-fuel avec injection simultanée
- ✗ Aucune offre homologuée destinée au grand public en France
- ✗ Non éligible à la vignette Crit’Air 1
- ✗ Coûts élevés et absence de dispositif d’aide financière
- ✓ Convertir un véhicule industriel ou une flotte peut être envisagé
- ✓ Mieux vaut privilégier un véhicule essence transformé au GPL ou le retrofit électrique
FAQ rapide
Q : Peut-on faire homologuer un moteur diesel converti au GPL en France ?
R : Non, ce type de conversion n’est pas reconnu officiellement par les autorités pour les véhicules particuliers.
Q : Existe-t-il des kits GPL pour diesel ?
R : Oui, mais ils sont destinés aux poids lourds et ne sont pas homologués pour les voitures particulières.
Q : Quels carburants alternatifs sont compatibles avec les moteurs diesel ?
R : Le biodiesel, le B100 (huile végétale méthylée), ou le HVO (hydrotraitement de l’huile végétale) sont des substituts intéressants, mais impliquent eux aussi une modification technique encadrée.
Q : Puis-je bénéficier d’aides si je convertis mon diesel en GPL ?
R : Non, seules les conversions reconnues officiellement comme GPL (véhicules essence transformés) ouvrent droit à des aides comme la prime à la conversion.
Au terme de cette analyse, force est de constater que la conversion d’un moteur diesel en GPL reste techniquement complexe, coûteuse et juridiquement non reconnue pour les véhicules particuliers en France. Pour ceux qui souhaitent réduire leur impact environnemental tout en réalisant des économies, mieux vaut s’orienter vers des alternatives viables comme le retrofit électrique ou la conversion d’un moteur essence en GPL, des solutions encadrées et soutenues par les pouvoirs publics. En faisant ces choix stratégiques, vous vous engagez concrètement dans la transition énergétique, tout en préservant votre mobilité au quotidien.